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Légumes et fruits : des expressions savoureuses!

Publié par Nathalie, le 24 août 2017

C’est la saison des récoltes. Fruits et légumes sont abondants, mais pas que dans nos jardins ou chez le producteur maraîcher. Plusieurs expressions couramment utilisées mettent en vedette des fruits ou des légumes pour imager une situation.

Photo crédit: Mon Œil via Visualhunt.com / CC BY

C’est la saison des récoltes. Fruits et légumes sont abondants, mais pas que dans nos jardins ou chez le producteur maraîcher. Plusieurs expressions couramment utilisées mettent en vedette des fruits ou des légumes pour imager une situation. En voici quelques-unes. Bonne lecture!

Appuyer sur le champignon

C’est la forme particulière de la pédale d’accélérateur des premiers modèles d’automobiles qui est à l’origine de cette expression. Dans la première moitié du XXe siècle, période où cette expression a fait son apparition, les pédales d’accélérateur, de freins et d’embrayage étaient faites d’une tige métallique surmontée d’une demi-boule. Ce qui leur donnait une certaine ressemblance avec un champignon. Ainsi, appuyer sur le champignon permettait d’accélérer. Et quand les amateurs de vitesse conduisaient le champignon au plancher, c’est que la pédale était enfoncée jusqu’à ce que la demi-boule touche presque le plancher de la voiture. Dans notre monde où tout doit toujours se faire plus vite, l’expression « appuyer sur le champignon » étend son sens à accélérer quelque chose, à passer à la vitesse supérieure.

Mi-figue, mi-raisin

Une explication circule voulant que l’origine de cette expression vienne des Corinthiens qui, occasionnellement, mélangeaient « accidentellement » des figues aux raisins qu’ils livraient à Venise. Les figues étant moins chères et plus lourdes, ceux-ci pouvaient espérer faire un meilleur profit. Toutefois, cette explication ne s’appuie pas sur des preuves écrites et est contestée. Chose certaine, l’expression remonte à loin et a subi bien des modifications. Au XVe siècle, l’expression « moitié figue, moitié raisin » était utilisée pour qualifier un mélange de bon et de mauvais ou comme synonyme de « tant bien que mal ». Au XIVe siècle, elle a même pris le sens de partage de tâches exécutées dans un même but : l’un s’occupait de la figue et l’autre du raisin. C’est au XVIIe siècle qu’elle a pris le sens qu’on lui connaît maintenant soit être partagé entre la satisfaction et le mécontentement ou être mi-sérieux, mi-plaisantin. S’y ajoutait aussi la signification « moitié forcé, moitié consentant ». Il fallut toutefois attendre le XVIIIe siècle pour que « moitié » soit remplacé par « mi ».

Couper l’herbe sous le pied

Oui, je sais, le gazon n’est pas un légume et encore moins un fruit! Reportons-nous donc au XIVe siècle. Le mot « herbes » désignait alors les légumes verts, les salades et toute autre plante dont on consommait les feuilles. Par extension, ce mot en est venu à désigner les légumes. Qui dit nourriture dit moyen de subsistance. Il n’en fallait pas plus pour que le mot « herbe » prenne aussi cette signification dans des expressions comme « l’herbe lui manque sous les pieds » signifiant qu’il manque de moyens de subsistance. C’est probablement en se liant avec « couper les vivres » que l’expression est apparue. Le sens premier qui était « empêcher quelqu’un de se procurer des moyens de subsistance » s’est étendu à la signification qu’on lui connaît aujourd’hui soit « empêcher quelqu’un de réussir ou le priver d’un avantage auquel il s’attendait en le devançant ».

Des vertes et des pas mûres

En général, un fruit vert est un fruit qui n’est pas mûr. Mais dans cette expression, « vertes » et « mûres » ne font pas référence aux fruits. Au début du XVe siècle, on employait l’expression « en bailler de belles, des vertes et des mûres », ce qui signifiait raconter des histoires indécentes. Le terme « vert » prend ici son sens argotique qualifiant des propos osés alors que « mûr » réfère à « adulte » comme dans l’expression « âge mûr ». Plus tard, l’expression a été modifiée pour « des vertes et des pas mûres », ce qui semble être répétitif puisque ce qui est vert n’est forcément pas mûr. Mais puisque vous connaissez maintenant le sens argotique de « vert », vous comprenez que ce n’est pas le cas. À noter que lorsque l’expression est utilisée avec « en entendre » ou « en raconter », on parle de choses choquantes, grossières, incongrues. Alors que lorsqu’elle est utilisée avec « en voir » ou « en subir », on parle plutôt d’ennuis ou de difficultés.

En rang d’oignons

Vous conviendrez avec moi qu’il n’y a pas que les oignons qui soient plantés en belle ligne droite dans un jardin. Alors, pourquoi avoir choisi ce légume pour qualifier un rang? Tout simplement parce qu’on ne ferait pas référence au légume, mais plutôt à Artus de la Fontaine-Solaro, baron d’Oignon. Ce dernier était maître de cérémonie lors des États Généraux qui eurent lieu en 1576 et 1588, à Blois. L’une de ses tâches était d’assigner les places des seigneurs et députés. Un rôle qu’il prit à cœur aimant déjà ranger les gens selon des règles protocolaires précises qu’il devait respecter. L’expression viendrait donc de sa grande habileté à placer les gens en respectant protocole et autres considérations. Toutefois, une autre explication veut que l’origine de l’expression se situe en 1611 alors qu’elle signifiait « s’intégrer à une compagnie où on n’a pas sa place » et viendrait de l’habitude des paysans qui rassemblaient les oignons en bottes sans se soucier de mettre tous ceux de la même taille ensemble. C’est en 1654 que le sens actuel « sur une seule ligne, à la file » aurait été pris.

S’occuper de ses oignons

Cette expression serait utilisée depuis le XXe siècle. Dans le centre de la France, les femmes pouvaient cultiver un coin de jardin où elles faisaient pousser des oignons pour les vendre au marché afin de se faire un peu d’argent de poche. Lorsque les femmes voulaient se mêler des affaires des hommes, ces derniers leur disaient « occupe-toi de tes oignons ».

Source : expressio.fr