Parlons météo!
Publié par Nathalie, le 21 juin 2017
Origine d’expressions en français
Que fait-on au Québec lorsqu’il fait beau? On parle météo. Que fait-on au Québec lorsqu’il ne fait pas beau? On parle encore météo! Découvrez ou redécouvrez ici quelques expressions inspirées de la météo et leur origine.
Que fait-on au Québec lorsqu’il fait beau? On parle météo. Que fait-on au Québec lorsqu’il ne fait pas beau? On parle encore météo! Découvrez ou redécouvrez ici quelques expressions inspirées de la météo et leur origine. Vous pourrez ainsi amener la discussion à un autre niveau la prochaine fois où le sujet le plus « hot » au Québec sera abordé. 😉
Un soleil de plomb
L’association plomb et lourdeur se fait naturellement. Pensez à « chape de plomb » ou « avoir du plomb dans les ailes ». Parce que sous un soleil ardent, on bouge au ralenti, que chaque mouvement semble très difficile, voire pénible, on comprend pourquoi on qualifie le soleil de si lourd.
Une explication étymologique soutient plutôt que l’expression est composée de « soleil » et de « d’aplomb » parce que lorsque le soleil est à la verticale (d’aplomb) il est le plus intense. Au fil du temps, « d’aplomb » aurait dérivé vers « de plomb ».
S’attirer les foudres de quelqu’un
Dans son genre féminin, « foudre » est le phénomène météorologique que l’on connaît. Toutefois, au masculin, le nom « foudre » tire son origine de la mythologie et consiste en un faisceau de dards en zigzag servant d’armes. Pensez aux représentations de Jupiter et de Zeus. L’expression « s’attirer les foudres de quelqu’un » serait apparue à la fin du 16e siècle. À cette époque, la foudre était considérée comme une manifestation de la colère divine. Il n’en fallut pas plus pour que l’on associe les foudres à la colère de quelqu’un qui est, généralement, la conséquence de l’action de quelqu’un d’autre. « Les foudres » a donc pris le sens de « sévères reproches ».
Il y a de l’orage dans l’air
Oui, on utilise cette expression au sens propre, mais elle a aussi un sens figuré signifiant que l’atmosphère est tendue, qu’on peut s’attendre à voir éclater une dispute. Cette expression serait utilisée depuis le 18e siècle. Puisque l’orage se forme lorsque l’air est chargé d’électricité et qu’avant une dispute ou une crise de colère, on sent que la pression monte (ne dit-on pas d’ailleurs dans ces moments qu’il y a de l’électricité dans l’air?), l’expression s’est inscrite dans le langage courant.
Et pour votre information, je vous signale qu’« orage » est de genre masculin. On doit donc dire « un orage ».
Autant en emporte le vent
Non, ce n’est pas qu’un roman et un film réputés! Il y aurait, semble-t-il, des traces de l’emploi de cette expression au 13e siècle. Cependant, ce serait depuis le 16e siècle qu’elle a le sens qu’on lui connaît aujourd’hui que je résumerais ainsi : « Bof ». Vous vous promettez de prendre de meilleures habitudes de vie? Vous vous dites, avec beaucoup de conviction, que vous vous mettrez à la course cet été? Mais vous ne le faites pas? Bof! Autant en emporte le vent! L’expression serait inspirée d’une phrase de l’Ancien Testament : « Et le vent les emporta sans qu’aucune trace n’en fût trouvée » et ferait référence à la fugacité des choses que l’on croit acquises et à la vanité de la race humaine.
Bon vent!
Mise en garde! Attention au ton de voix employé lorsque vous dites « bon vent » à quelqu’un! Avec un ton amical, cette expression permet de souhaiter un bon voyage. Il s’agit d’un emprunt au monde de la voile. Sur les quais, au départ des marins, les gens leur souhaitaient de bons vents afin que le voyage se passe bien. Si votre ton est plus, disons, agressif, « bon vent » prend alors le sens de « bon débarras ».
Un vent à décorner les bœufs
Au Québec, on entend plus souvent un vent à écorner les bœufs. Vous le savez probablement tous, ça signifie qu’il vente vraiment très fort. Non, ça n’arrachera pas les cornes des bœufs, mais… jadis, quand il était nécessaire d’écorner un bœuf, « l’opération » avait lieu à l’extérieur un jour de grand vent. Pourquoi, me demandez-vous? Pour éviter que les mouches et autres parasites, attirés par le sang, ne viennent contaminer la plaie. Par grand vent, le sang sèche plus vite et la cicatrisation peut débuter plus rapidement.
Il y a toutefois une autre théorie qui veut que l’expression ait vu le jour sur les navires servant à transporter les bovins. Lorsque les vents soufflaient avec une grande intensité et que la mer se déchaînait, les bœufs étaient projetés contre la paroi du navire. Il arrivait alors que leurs cornes se brisent.
Pleuvoir comme vache qui pisse
Ah! Cette expression me rappelle une situation quelque peu particulière… mais ça, c’est une autre histoire! Ayant fait son apparition au 19e siècle, cette expression qualifie une averse importante. Au Québec, on dit aussi pleuvoir à seaux (ou à siaux!) D’où provient-elle? Difficile à dire! Probablement d’un fin observateur de la nature ayant vu une vache pisser et qui, par de drôles d’associations, y a vu des similitudes dans la densité de liquide projeté. Une autre source mentionne que l’expression découlerait de « pleurer comme une vache » signifiant pleurer abondamment.
Attention! Si vous discutez météo dans la langue de Shakespeare, ne traduisez pas littéralement l’expression, car les anglophones disent plutôt it’s raining cats and dogs. D’où ça vient? Version courte : jadis, la pluie abondante lavait les rues des cadavres de chats et chiens qui y avaient été abandonnés. Pour la version longue, vous chercherez!
Après moi le déluge!
Cette expression aurait existé à l’époque de Louis XV et est attribuée à sa maîtresse, Madame de Pompadour. La personne qui l’utilise veut dire qu’après ses accomplissements, ce qui arrivera après est sans importance à ses yeux.
Tomber des cordes
Ne cherchez pas d’explication trop loin! Les cordes imagent tout simplement la densité de la pluie lorsqu’elle tombe abondamment. On a alors l’impression qu’il ne s’agit plus de plusieurs gouttes, mais plutôt un trait d’eau en continu, une corde quoi.
Il existe une variante de cette expression qui aurait été citée vers la fin du 17e siècle : « tomber des hallebardes ». Une hallebarde est une longue lance avec une extrémité pointue ayant d’un côté une lame bien tranchante ressemblant à une hache et de l’autre un croissant bien pointu. Imaginez la sensation de la pluie qui vous transperce. Voilà le lien avec la pointe de la hallebarde. Il se pourrait que l’expression ait d’abord tiré son inspiration du terme « lance » mot qui, au 16e siècle, signifiait « eau » et du verbe « lancequiner » qui signifie « pleuvoir ». Un glissement vers un synonyme expliquerait l’utilisation de « hallebarde ».
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Bon été!
Inspiration et source principale de cette chronique : PLANELLES, Georges. 500 expressions populaires sous la loupe, Guy Saint-Jean Éditeur, Laval, 2015.