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Une photo de ma main dans un livre français

Publié par Nathalie, le 8 décembre 2022

Mai 2019. Je réalise un rêve : Paris en solo. Et j’en ai rapporté un souvenir des plus improbables : ma main qui prend la pose pour un livre!

Mai 2019. Je réalise un rêve : Paris en solo. Et j’en ai rapporté un souvenir des plus improbables : ma main qui prend la pose pour un livre!

Je préparais ce voyage depuis plusieurs mois. J’avais déjà lu et relu mon guide de voyage en ne manquant pas d’y faire plusieurs annotations, dressant la liste de tout ce que je voulais voir.

Depuis toujours, les cimetières me fascinent. J’aime m’y promener. Alors, bien évidemment, parmi les incontournables de ma liste figurait une visite au cimetière du Père-Lachaise. Je comptais bien aller voir quelques-unes des sépultures les plus célèbres dont une pour laquelle la mention dans mon guide de voyage avait piqué ma curiosité : celle de Victor Noir.

Bien naïvement, je croyais me saisir d’un plan du cimetière et me retrouver facilement parmi tous ces chemins et toutes ses avenues. C’était sans compter sur mon super sens de l’orientation… Ce n’est pas un hasard si je dis que j’aime me perdre dans les villes pour les découvrir. Ça me permet de cacher que ma boussole intérieure a perdu le nord… si elle en a déjà eu un!

J’erre donc dans le cimetière, à la recherche de la fameuse tombe de Victor Noir. Alors que je marche sur une large allée, un homme m’aborde. Il me demande si je vais sur la tombe de Victor Noir. Dans ma tête, deux réactions simultanées : « C’est qui lui? » et « Je dois donc être proche de la tombe ». Je lui réponds alors que j’essaie de m’y rendre. Il se présente : Bertrand Munier, journaliste et écrivain de la région de la Lorraine. Il est avec son photographe, Alexandre Marchi.

Bertrand me raconte qu’il est sur le point de publier un livre sur Victor Noir et qu’il est au cimetière afin de prendre des photos qui illustreront cette biographie. Il me raconte alors cette histoire qui n’a rien de banal…

L’histoire de Victor Noir

Victor Noir, de son vrai nom Yvan Salmon, est un jeune journaliste prometteur qui souhaite être connu. Il marquera l’histoire, mais pas de la façon dont il l’espérait.

En janvier 1870, la France est sous le règne de Napoléon III. Entre les bonapartistes et les anti-bonapartistes, les guerres de mots sont virulentes et se font souvent par journaux interposés. La presse à cette époque n’était pas particulièrement reconnue pour sa neutralité. Et les partisans des deux camps se défiaient fréquemment en duel.

Alors que Victor Noir se rendait chez Pierre-Napoléon Bonaparte en qualité de témoin d’un duel à venir, il se fait abattre par ce dernier. Ce drame fait les manchettes des journaux. Le jeune Victor Noir âgé de 21 ans était dans la fleur de l’âge, promis à une belle carrière journalistique et, pour ajouter encore plus de drame à cette histoire, devait se marier le lendemain. Le jeune homme est enterré dans les jours suivants à Neuilly où des milliers de personnes le conduisent à son dernier repos.

Lorsque le climat de revendications s’estompe, il est décidé que Victor Noir mérite des honneurs. Sa tombe est déménagée au Père-Lachaise et on confie la réalisation de son monument au sculpteur Dalou. Celui-ci réalise un gisant très réaliste, grandeur nature, d’un Victor Noir tel qu’il a été trouvé lors de sa mort : étendu sur le pavé, son chapeau à côté de lui, un trou dans sa veste là où le coup de feu l’a atteint. Le sculpteur ajoute toutefois un autre détail pour lequel aucune explication n’a vraiment trouvé de fondement à ce jour : une protubérance à l’entre-jambes accentuée par une braguette légèrement ouverte.

Le mythe Victor Noir

Jusque dans les années 1960, la sépulture de Victor Noir reste quasi dans l’anonymat. Puis, soudainement, des milliers de visiteuses viennent sur sa tombe. Une rumeur veut que son gisant et sa protubérance à l’entre-jambes aient un certain pouvoir. Le mythe a trois variantes :

  • Toucher le sexe du gisant permettrait à une femme ayant des problèmes de fertilité de tomber enceinte;
  • Toucher le bout des pieds de Victor Noir permettrait de trouver le grand amour;
  • Embrasser à plusieurs reprises le nez, les lèvres et le menton de Victor ferait revenir un être aimé qu’on a perdu.

Le mythe veut que lorsque son désir est exaucé, la femme revienne déposer une rose rouge en guise de remerciement. À voir le bronze bien luisant sur ces parties du gisant, force est de constater que plusieurs femmes tentent leur chance!

Et ma main dans tout ça?

Bertrand a à peine terminé de me raconter l’histoire de Victor Noir qu’il enchaîne en me demandant si je pouvais lui rendre un petit service. « Vous avez besoin d’une main féminine, c’est ça? », que je lui réponds.

Et c’est ainsi que ma main droite déposée sur l’entre-jambes protubérant du gisant de Victor Noir s’est retrouvée dans un livre publié en France.

Si l’histoire de Victor Noir et des circonstances entourant sa mort vous intéresse, je vous recommande la lecture du livre de Bertrand Munier qu’il m’a si gentiment fait parvenir. Ce moment de l’histoire française et le mythe qui en a découlé sont fort bien racontés. On dévore ce livre comme un roman. 

Bonne lecture!

Victor Noir et son gisant turgescent 

Martyr du Second Empire et héros malgré lui

Bertrand Munier

Éditions du signe

livre francais